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LE HERISSON DE DOMESSARGUES
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LE HERISSON DE DOMESSARGUES
LE HERISSON DE DOMESSARGUES
  • Nous avons le plaisir de vous inviter à parcourir ce nouveau blog concernant notre association Apolitique et d’intérêt communal « Le Hérisson de Domessargues » qui a été crée le 05 avril 2001.
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6 juin 2006

L'histoire du village de Domessargues

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1. Présentation ; les origines du village

Cet article est extrait du bulletin d'information n° 04 de novembre 2001.

Présentation

Nous avons prévu d'ouvrir dans nos prochains bulletins, une rubrique consacrée à l'histoire de la commune de Domessargues.

Pour vous informer avec le maximum de précision, nous nous appuierons sur le texte que Monsieur GUEIDAN Marcel, un passionné de notre commune, a redigé et édité en avril 1982 dans une brochure de 74 pages, qui retrace l'histoire de notre commune.

Nous procèderons en retranscrivant intégralement les passages les plus significatifs de son ouvrage en essayant d'en garder le plus possible, l'esprit et la structure. Néanmoins nous vous encourageons vivement à lire la brochure originale si vous réussissez à vous la procurer ce qui n'est pas gagné d'avance !

Nota (novembre 2011) : Finalement, c'est le texte intégral qui a été retranscrit dans les différents épisodes avec quelques compléments (comme des cartes ou des anotations) réalisées par l'association.

Avant d'entrer dans le vif du sujet, nous souhaitons vous présenter, en quelques lignes, son auteur. Monsieur GUEIDAN, était à l'époque propriétaire, de la maison qui se trouve juste en face de la place de la chapelle et qui fait l'angle entre les rues du 8 Mai 1945 et la rue Charles de Gaulle, ainsi que d'une grange avec un petit terrain planté de mûriers sous la maison de la famille PANATTONI (actuellement la propriété de la famille TRIOMPHE). Il détenait cette habitation de sa famille qui était implantée dans la commune depuis plusieurs générations ; il résidait à Domessargues principalement l'été. En outre, il a participé très activement à la vie de la chapelle et il a été le principal instigateur pour sa reconstruction depuis la fin des années 1960 jusqu'en 1980 avec le camp des jeunes Belges. Ce Monsieur est décédé à Nîmes au début des années 1990.

Les origines du village

Domessargues est un vieux village du Gard situé au centre même du département. Sa superficie de 770 hectares le classe parmi les petites communes.

Situé au centre d'un mini cirque formé de petites collines qui l'enserrent par le nord, de l'ouest à l'est, il domine vers le sud-ouest une charmante petite vallée livrant passage à la Courme, qui après quelques méandres rejoint le Vidourle dans une échancrure lointaine qui a été surnommée ici « la Combe de Junie ».

Campé sur une légère proéminence qui lui donne un certain relief et l'érige comme sur un socle, bien groupé autour de sa vieille chapelle, le village apparaît comme un château fort, d'un seul tenant, et les nombreuses petites maisons qui se sont éparpillées dans sa campagne proche ne sont là que depuis le milieu du XX e siècle.

Cette concentration autour de ce que furent au moyen âge ses deux principaux monuments, l'église et le château, s'explique par le fait qu'à cette époque Domessargues était village fortifié. Aucun document ne nous le confirme, si ce n'est son blason, mais la topographie des lieux est éloquente quant à sa forme primitive ; un quadrilatère arrondi. Les maisons d'angle de la ligne qui fait face au sud sont, en effet, demi-rondes, telles la maison Saussine à l'est, la maison Pauc à l'ouest.

Ces maisons très anciennes sont de l'époque médiévale et en 1950 subsistait encore au nord ouest du village un élément de rempart, de forme arrondie. Ce mur, d'une hauteur de 2 à 4 mètres, à cause de la déclivité du terrain, s'écroula au cours d'un violent orage en 1952. Ainsi disparut le dernier témoin du système de défense de notre village.

L'église romane qui date du XI e siècle atteste déjà de son existence au milieu du moyen âge. Les vestiges d'une église carolingienne et, à un niveau plus bas, d'un temple païen trouvés dans le sous-sol même de l'église romane, lors de fouilles pratiquées il y a quelques années, nous autorisent à supposer que le village existait déjà au VIII e siècle. Des fragments d'objets nous prouvent que l'emplacement était déjà occupé au début de l'ère chrétienne par les colons romains, soit au moins mille ans avant la construction de la chapelle.

Le nom même de Domessargues est une preuve de l'occupation de cette région par les romains, car les villages dont le nom se termine par « argues », dérivé du latin « ager » (qui signifie champ) ont été pour la plupart des propriétés offertes par Rome aux légionnaires romains qui s'étaient distingués lors de la campagne d'Egypte. Ainsi, à l'origine, le légionnaire libéré Domitius ou Domes, ou un nom approchant, car nombreuses ont été les modifications apportées au cours des siècles aux noms propres, a bénéficié par sa bonne conduite dans les sables d'Afrique de l'octroi du territoire qu'occupe approximativement notre petite commune.

Nous retrouvons dans les archives comme dans certains documents des siècles passés une grande variété de noms pour le Domessargues actuel. Il est Domensanicis en 1235, sur le plus vieux document en notre connaissance portant le nom du village, Domenssanicoe  en 1247, Domensan en 1456 et enfin en 1555 Domessargues orthographié comme de nos jours.

Il serait facile de démontrer que l'origine du village est encore plus lointaine et que bien avant l'ère chrétienne des hommes s'étaient arrêtés en ces lieux et avaient certainement fondé un embryon de communauté.

2. L'implantation du village à ses origines

Cet article est extrait du bulletin d'information n° 05 de février 2002

Cette fois çi, nous continuerons à retracer l'historique de notre village par la partie du récit de M. GUEIDAN qui traite principalement de l'implantation des premiers habitats dans la commune.

Afin de clarifier cette description, il nous a semblé utile de joindre un plan de la commune avec les différents points qui y sont indiqués (ce plan n'est visible que sur le document papier) .

Presque toutes les collines de la région sont couronnées par un oppidum, ce qui atteste la présence des Celtes en des temps préhistoriques.

D'autre part, l'existence d'une source dans un petit vallon tout près du village ne pouvait laisser indifférent ces êtres primitifs dont l'eau était l'élément vital primordial. Il est même certain que c'est à cette source, dont nous reparlerons, que l'on doit l'implantation de cet habitat en des temps très lointains. Il est à remarquer que sur les serres qui dominent ce point d'eau, en direction du nord, les oppida sont assez nombreux ; et jusqu'au serre du Grand Ranc qui fut sans aucun doute le plus important à cause de sa disposition privilégiée, la présence des hommes primitifs est indiscutable et cette conjoncture nous ramène à cette idée que le village remonte à la plus lointaine antiquité.

Nous avons émis l'hypothèse de la source qui a provoqué le tout premier rassemblement d'êtres humains sur notre territoire. Cela est à peu près certain, comme la source Némausus l'a été pour la ville de Nîmes. Et c'est autour de cette fontaine que se rassemblèrent nos premiers aïeux, que nous pouvons imaginer vivant dans des huttes ou des constructions très primitives sous de grands chênes, car à une époque très lointaine, que nous nous garderons de dater, la forêt recouvrait presque entièrement notre territoire. Il n'en reste pas moins des vestiges de murailles et de cabanes en pierres sèches, qui, au cours des siècles vont se modifier, s'améliorer et apporter un peu de confort à leurs utilisateurs.

Nous ne commençons à avoir des précisions sur l'habitat qu'à partir de l'occupation romaine. Nîmes, qui était la capitale des Volces Arecomici, conclut un traité d'alliance avec les Romains, 120 ans avant J.C. ; 104 ans après elle reçut une colonie de vétérans romains qui s'éparpillèrent dans le pays. Il est permis de penser que c'est l'un de ceux-là qui s'établit sur notre terre et exécuta les travaux nécessaires pour y habiter d'une façon pratique.

De nombreux vestiges nous restent de cette période ; mais l'on peut considérer qu'à l'époque romaine le lieu habité n'était pas exactement à l'emplacement du village actuel, mais beaucoup plus à l'ouest, depuis le pont du Pas et le mas Baronne jusqu'au plateau qui domine le ruisseau de Courme et qui s'étend des bois de Mauressargues, au sud, au mas Court, au nord, car c'est dans ce quadrilatère que l'on trouve en quantité des tuiles romaines, des tessons de vases et de poterie, ainsi que des quartiers imposants de « dolia ».

En 1959, Jean Reboul, le maire (de l'époque), eut même la chance de ramener à la surface, au cours du défoncement d'un terrain au quartier des Crompes, une magnifique petite amphore qui fut authentifiée au musée archéologique de Nîmes comme étant des premières années de l'ère chrétienne. Tout comme en 1973, Yves Verdier de Mauressargues mit à jour, au quartier précité, les vestiges d'un four de chauffage d'une villa romaine, à moins qu'il ne s'agisse d'un four de potier.

Les recherches nous ont apporté également des monnaies frappées à Nîmes, une clé en fer, ainsi qu'une meule dont on a retrouvé les deux disques cassés en divers morceaux, qui ont été reconstitués par fragments récupérés sur des clapiers différents. Mais cette meule en lave des volcans du Massif Central, est-elle romaine ou moyenâgeuse ?… Quels trésors archéologiques se cachent-ils encore dans ces terrains ?

Ces quelques vestiges qui nous apportent incontestablement une preuve matérielle ne nous éclairent pas sur la vie et l'activité de notre village en ce début de l'ère chrétienne.

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3. De l'implantation du village aux croisades

Cet article est extrait du bulletin d'information n°06 de mai 2002.

Cette fois-ci, nous continuerons à retracer l'historique de notre village par la partie du récit de M. GUEIDAN qui traite de la période la plus difficile car aucun texte ni aucune date n'ont pu malheureusement aider l'auteur.

Il n'en est pas de même des six ou sept siècles qui suivent et qui creusent un immense vide dans notre agglomération. En effet, de l'empire romain jusqu'à sa chute et bien au-delà, nous ne savons absolument rien. Un seul petit évènement nous permet d'inscrire quelques lignes sur cette longue période mais sans pouvoir le dater tout de même. Nous le devons à la découverte, dans le sous-sol de l'église romane, de fondations de deux édifices différents superposés, dont le plus bas est certainement païen, le second ou l'intermédiaire est carolingien, ce qui nous donne la petite satisfaction de penser que le village a continué à vivre entre le Ve et le Xe siècle.

Enfin, en cette "mi-temps" de notre ère, nous commençons à mieux cerner les  évènements, mais davantage par déduction que par preuves bien établies.

Un seigneur domine le village et s'engage pour une croisade. Est-ce la première, en l'an 1096 ? Comment le saurions-nous ? Sa bannière est fort belle, ainsi décrite par l'héraldique : sur fond d'azur, un château à trois tours d'argent. La porte ouverte sous l'arcade de laquelle il y a un lion rampant, d'or, nous laisse penser que le personnage est d'une certaine condition. Le village est fortifié, son blason décrit ci-dessus nous le confirme, ainsi d'ailleurs que diverses dispositions architecturales dont il a été fait mention au début de notre récit, et une preuve tangible et palpable, en même temps que spirituelle, apparaît : l'église chrétienne, dont nous reparlerons.

Le village s'est développé et agrandi puisque la chapelle définitive est d'une plus grande surface que les deux édifices qui l'on précédée et dont il nous a été facile de constater les tracés par les fondations de dimensions nettement moindres.

A-t-elle été construite sous Robert II, dit Le Pieux (996-1031) ou sous Henri Ier, son fils, qui régna jusqu'en 1060 ? Le saurons-nous un jour ? C'est par sa seule présence que nous connaissons notre modeste joyau, car aucun document, aucun acte, aucune inscription ne sont parvenus jusqu'à nous. Il faut arriver au XIIIe siècle pour avoir enfin une citation de son patronyme aux archives départementales, en l'an 1235, Chapître de Nîmes : "Sanctus Stéphanus de Domensanicis", et à partir de cette date nous retrouvons des citations la concernant, en 1237, 1247, 1293.

Mais sans pénétrer plus avant dans l'histoire, maintenant que sa présence est attestée, examinons les évènements religieux dans un périmètre assez restreint autour de Domessargues.

Aux VIIIe et IXe siècles, notre région, qui a terriblement souffert de l'invasion des Sarrazins, retrouve une certaine tranquillité sous la haute autorité de Charlemagne.

L'empereur concède aux moines l'utilisation des terres qui lui appartiennent. Avec courage, ceux-ci profitent de cette mesure pour donner rapidement vie au pays. Notre village  a-t-il bénéficié de cette opération ? On peut le supposer sans rien affirmer toutefois, car nous ne possédons aucun document pour étayer notre thèse. Mais il en est qui nous apprennent l'existence, au VIIIe siècle, d'un monastère créé par l'ordre des Bénédictins, à Tornac, donc à moins de quatre lieues seulement de Domessargues, mais qui fut détruit par les Maures. Charlemagne le rétablit au cours du IXe siècle et lui donne un éclat particulier. Le petit monastère de " l'Eglise" Notre Dame des Ombres, au pied du serre du Grand Ranc, à une lieue de notre village, date de l'époque carolingienne ; il dépendait de Tornac et appartenait au même ordre.

L'église de Domessargues n'est-elle pas aussi bénédictine et d'origine monastique ? Ne serait-elle pas issue de ce mouvement? Il n'est pas vain de le croire !

4. Le village au moyen âge

Cet article est extrait du bulletin d'information n°07 d'août 2002.

Cette fois-ci, nous continuerons à retracer l'historique de notre village par la partie du récit de M. GUEIDAN qui traite de la période du moyen âge.

Au cours du XIVe siècle, les citations concernant le village se font moins rares, elles concernent l’église, le prieur, le château ou le territoire en général. C'est ainsi que le 18 Mai 1309, le roi Philippe le Bel, voulant assurer des ressources à son chancelier Guillaume de Nogaret, lui attribua comme avantages les droits de haute justice sur Domessargues et son territoire qui comportait alors 40 feux.

Ce siècle va s'écouler entièrement sans nous laisser percevoir d'événement sur notre village, qui vit une bien triste période. La guerre de Cent Ans d'abord, qui a de graves répercussions naturellement jusqu'en Languedoc, puisque cette province est maintenant française ; le traité de Brétigny ensuite qui libère sur la France entière des hordes de soudards aussi bien français qu'anglais, formant ces fameuses compagnies de Routiers qui ont sévi tout au long du Gardon, signalées jusqu'à Aigremont même.

Ce sont enfin les Tuchins, qui sous des dehors moins scélérats n'en sèment pas moins l'épouvante et la terreur dans notre région, puisqu'ils sont les maîtres du château de Boucoiran en 1383 ; mais pourchassés par les forces de l'ordre, ils s'enfuient par les bois jusqu'à Domessargues où certains se réfugient.

Tous ces évènements, renforcés par quelques épidémies épuisent le village qui, au recensement de 1384, ne compte plus que trois feux.

Au début du XV e siècle nous avons enfin le nom du seigneur du lieu. Il s'agit d'Antoine Scatisse qui, en 1402, est également seigneur de Sauzet et de Saint-Chaptes. En 1434, c'est un prieur, que nous connaissons, il se nomme Guilhem Rey. En 1470, le prieuré passe à Durand Carbonnelly qui meurt le 20 Décembre de l'année suivante. Antoine Boërius prend sa succession en 1472. Nous trouvons après lui Jean Puau, qui aurait exercé son ministère pendant 56 ans, puisqu'il disparaît le 6 Avril 1528 cédant, cette année-là, sa place à Antoine Lardiffe. En 1555 un nouveau prieur est désigné, il s'agit de Sauveur de la Jonquière.

En 1557 notre village est honoré par la nomination de son seigneur, Monsieur de Domessargues, en qualité de Viguier royal à Nîmes. La réforme est déjà en marche et en 1560, les habitants de Domessargues y souscrivent en totalité.

En 1561 la peste ravage le pays et le prieur Boniface Chabaud en est la première victime. Prêtre de Montfrin, Didier Martignon est nommé pour remplacer le malheureux prêtre pestiféré, le 9 Juin de la même année. Il vient s'installer dans un village où il n'y a pratiquement plus de catholiques, ce qui nous permet de croire que la coexistence pacifique n'était pas un vain mot, puisque le prieuré sera toujours occupé jusqu'à la Révolution Française, les prieurs se succédant au fur et à mesure de leur mutation ou de leur décès.

En effet, en 1592, le titulaire du prieuré, Pierre Messonnier est résilié en cour de Rome, en faveur de Pierre Teyssier, clerc du diocèse d'Avignon, qui entre en fonction le 9 Février 1593. Quatre ans plus tard l'occupant est Guillaume Audiger, qui meurt en 1603. Le 29 Août de cette même année c'est Jean Latti qui prend la place. Cinq ans plus tard, en 1608, François Morin, capistol de la célèbre Collégiale de Notre-Dame de Villeneuve-les-Avignon, devient prieur du village. Faut-il voir dans la qualité du collégial une preuve d'intérêt que suscite le prieuré de Domessargues ? Peut-être ! Car nous vivons sous le règne d'Henri IV et les passions se sont apaisées sous la conduite du bon roi. Il faut arriver en 1620 pour trouver le nom d'Henri Ménard dans ce prieuré.

Cette énumération, qui peut paraître longue et fastidieuse, a tout de même son utilité, car tous ces personnages ont vécu à Domessargues et y sont, pour la plupart, bien que n'ayant laissé aucune trace apparente, morts et enterrés. Nous ne connaissons leurs noms et les dates de leurs fonctions que par les archives de l'Evêché de Nîmes.

5. Le village au VXIème et VXIIème siècle

Cet article est extrait du bulletin d'information n°08 de novembre 2002.

Cette fois-ci, nous continuerons à retracer l'historique de notre village par la partie du récit de M. GUEIDAN qui traite de la période des XVIème et XVIIème siècle.

Mais revenons au XVIème siècle. La Réforme pénètre en France et se développe plus particulièrement dans notre région, puisqu'en 1560 la population entière de Domessargues passe au protestantisme et le culte catholique est aboli.

Cette année là Nîmes et les Cévennes ressentent les premiers troubles dus à la progression de la nouvelle religion. Le Comte de Villars, commissaire du roi, chargé de remettre de l'ordre, passe à Domessargues, allant à Cardet où il détruira le château.

Jusqu'en 1590 la guerre civile sera à peu près continuelle dans la région des Cévennes et de la Gardonnenque.

Pendant près de deux cents ans la population de Domessargues vivra un drame intérieur permanent car son appartenance presque totale à la nouvelle doctrine la met dans l'obligation de jouer un rôle, secondaire peut-être, mais assez actif pour participer à l'action générale. En effet, favorisée par sa situation géographique, assez éloignée des grandes routes et presque au milieu des bois, car la vigne ne cernait pas encore le village comme de nos jours, cette petite commune sert de gîte d'étape aux Camisards et plus tard aux troupes de Jean Cavalier tout d'abord, de Roland ensuite. Les hommes du désert y soignent leurs chevaux et l'église a permis, à cette époque, d'abriter bêtes et gens. Une transformation dans ce bâtiment permet de supposer qu'il servit également de poste de guet, car les travaux de rénovation effectués au cours des dernières années ont permis de découvrir que l'élégante petite fenêtre éclairant le choeur, à l'est,avait été murée, sans doute par précaution, car elle était très accessible de l'extérieur, mais qu'en compensation, on avait pratiqué au dessus du cul-de-four une plus grande ouverture qui devait être occupée, quand cela était nécessaire, par un guetteur, car elle permettait de surveiller la crête de la colline qui s'étale de Boucoiran à Nozières, par où arrivaient les dragons de Villars chargés de pourchasser les troupes camisardes.

C'est plus particulièrement pour cette époque que l'absence de renseignements nous est sensible et pourtant il serait intéressant de connaître la façon de vivre de nos aïeux en ce XVIIème siècle. Quelle était la situation dans ce carrefour de combattants où l'on voyait arriver à l'improviste, soit les troupes royales, soit les bandes clandestines, où de jour comme de nuit, il fallait se tenir sur ses gardes ?

Cependant les rares échos que nous avons de cette période nous permettent de vivre quelque peu les tourments de nos lointains parents.

Pendant la nuit du 31 Décembre 1691, Claude Brousson, prêchait dans les bois de Domessargues devant une grande assistance, mais un mouchard s'en fut dénoncer l'assemblée et deux jours après, le seigneur du village, Marc de Brun, fut arrêté et envoyé aux galères. Treize ans plus tard, en 1704, les troupes royales occupent le village et le 7 Octobre, Domessargues inscrit son martyr sur la longue liste des suppliciés ; ce jour-là, c'est Pierre Martin qui est pendu à Nîmes sur la place du marché. En 1709, l'évènement est moins tragique puis qu'il s'agit du mariage, en la cathédrale de Nîmes, du seigneur de Domessargues, Charles de Brun, et qui dût renier sa nouvelle religion, pour épouser Suzanne Carrière. En 1721, la seigneurie appartient à Monsieur Froment d'Uzès. En 1752, une affiche signée par Richelieu annonce que les nouveaux convertis de Domessargues sont condamnés à payer 400 livres d'amende, conjointement avec ceux de Sauzet et de Boucoiran.

En 1755, un bataillon du régiment de Briqueville est réparti sur les villages environnants. Notre petit village, pour sa part, doit abriter 39 hommes de cette formation.

Le dernier prieur connu est nommé en 1762, il s'appelle Lafont.

6. Le village au XVIIIème et début du XIXème siècle

Cet article est extrait du bulletin d'information n°09 de février 2003.

Cette fois-ci, nous continuerons à retracer l'historique de notre village par la partie du récit de M. GUEIDAN qui traite de la période de la fin du XVIIIème au début du XIXème siècle.

Mais déjà en ce milieu du XVIIIème siècle on commence à percevoir un ralentissement dans la répression. Les assemblées se multiplient et se tiennent dans les villages mêmes. Les temples se reconstruisent et des pasteurs sont nommés. Lentement mais sûrement l'on s'achemine vers la reconnaissance totale de la nouvelle religion.

Tout comme de nos jours, hélas ! les décisions des gouvernements sont lentes, et ce n'est que deux ans avant la révolution, en 1787, que Louis XVI signera l'Edit de Tolérance si longtemps attendu.

Quelques remouds se produisent encore, mais sans gravité jusqu'en 1789. La grande révolution éclate et comme dans beaucoup de petits villages loin de la capitale, laisse insensible la population. En 1790 les départements sont créés. Domessargues est affecté au canton de Boucoiran. Ce n'est qu'en 1813 que notre village passera dans le canton de Lédignan, la commune de Boucoiran ayant perdu le titre de chef-lieu de canton.

Les troubles politiques succèdent aux troubles religieux et s'infiltrent dans les campagnes. C'est ainsi que le 9 juin 1794, le mas Perrier héberge Joseph Vierne et Jean Vayssière ex-secrétaire de la Garde Nationale de Nîmes, qui étaient venus chercher asile chez leur ami Perrier, le maire de Domessargues. Ils sont arrêtés et ramenés à Nîmes où ils seront exécutés deux jours après.

En juillet 1814, la Terreur blanche sévit dans la région et une bande de pillards, venant d'Uzès, rançonne notre petit village.

Cette année là le conseil municipal se prononce pour la déchéance de Bonaparte et vote le retour de Louis XVIII.

En 1819, l'armée autrichienne, qui est censée assurer l'ordre dans le pays, occupe tous nos villages et malmène durement leurs habitants. Le prince Stahremberg, qui la dirige, fait arrêter à Boucoiran Jean Rouvière de Domessargues, qui est jugé à Nîmes et fusillé le 26 août. Nous n'en connaissons pas la raison.

Depuis le début de ce XIXème siècle nous retrouvons dans les rares archives des noms qui ne sont plus étrangers pour nous. Nous avons cité précédemment le nom de Perrier, mais trouvons également, dans le conseil municipal de 1812, outre Perrier, les noms de Bonnet et de Vidal dont les descendants sont encore parmi nous. Le maire Boudon meurt cette année là et son nom disparaît définitivement. En 1822, c'est Jacob Louis Dalgaz qui devient maire jusqu'en 1827 et dont le descendant direct, Marc Dalgaz, a siégé au conseil municipal jusqu'en 1983. En plus des noms déjà cités nous trouvons à son conseil municipal Fromental et Mouret, mais ces deux noms ont disparu du registre avant la fin du siècle dernier.

En 1825, la commune s'offre un garde forestier, garde champêtre. C'est un retraité militaire d'Alès, Joseph Rouquette, qui assume ces fonctions. La présence de ce fonctionnaire nous permet, par ses rapports quotidiens, de constater que l'élevage du mouton était, avec la culture de l'olivier, la principale ressource du village, car nous retrouvons autour de ce personnage de continuelles plaintes à propos de pacages illicites dans les bois ou dans les oliveraies tandis que la vigne n'est pas mentionnée et doit être à cette date à l'état embryonnaire. L'élevage des vers à soie est la troisième branche d'exploitation de la commune et, à un volume bien inférieur, la récolte de la truffe dont la recherche se fait avec le concours d'un chien ou d'un porc. Cette dernière activité s'est d'ailleurs poursuivie jusqu'à nos jours et elle s'est même développée ces dernières années dans notre commune ; seul le chien est actuellement l'auxiliaire du truffier, son pittoresque compagnon porcin a totalement disparu.

7. Le village au XIXème siècle

Cet article est extrait du bulletin d'information n°10 de mai 2003

Cette fois-ci, nous continuerons à retracer l'historique de notre village par la partie du récit de M. GUEIDAN qui traite de la période du XIXème siècle.

En 1835, naît à Domessargues un personnage dont le nom fera le tour du monde. Il s'agit du docteur Louis Eugène Perrier, qui a donné son nom à la fameuse eau minérale qui jaillit d'une source, aux Bouillens, tout près de Vergèze et dont l'appellation « Perrier » est imprescriptible selon la volonté du créateur par contrat, au départ de la première campagne publicitaire.

Avant la fin du siècle dernier le docteur Perrier était conseiller général du département et maire de Nîmes en 1870. Mon oncle, Félix Sipeyre, était son secrétaire particulier à l'époque.

En l'an 1838, le 16 janvier, sur demande du conseil de fabrique de Lédignan, une ordonnance royale autorise la vente du presbytère qui est à l'abandon et en très mauvais état. Cet immeuble, face à l'église, est acheté par mes aïeux et Félix Sipeyre mon arrière-grand-père maternel (grand-père de celui cité plus haut) s'y installe comme menuisier.

Le 19 août 1840 tous les gens valides du village s'en vont, soit à Boucoiran, soit à Nozières, afin de voir passer le premier train à vapeur sur la ligne de chemin de fer de Nîmes à Alès qu'on inaugurait ce jour là. C'est en 1868 que l'église est rendue au culte. Elle est en mauvais état, mais une famille catholique, dont nous aurions aimé citer le nom qui nous est inconnu, en assure les réparations. Par la suite, le très faible effectif catholique du village ne peut en assurer l'entretien. Elle périclitera et sera provisoirement abandonnée.

A partir de la guerre de 1870, nous pénétrons dans une période vécue, ou presque, par nous. Les quelques décennies que nous n'avons pas connues nous ont été contées par nos grands-parents ou par les vétérans du village.

Cette fin de siècle ne nous apporte pas de grands évènements particuliers. Nous devons tout de même citer la construction, en 1897, du pont du Pas, qui enjambe le Lauriol, sur la route de Mauressargues. Il devait remplacer un vieux pont vétuste et branlant qui, malgré le peu de charge qu'il avait à supporter, ne répondait plus aux besoins de la circulation. L'administration départementale sollicitée présenta un devis que le maire Auguste Bertrand, fit modifier en préconisant un renforcement de la charpente métallique, prévoyant une augmentation du trafic dans les années à venir, car l'automobile, l'électricité, les moteurs commençaient à révolutionner le pays. Cette demande légitime, car la commune participait à la dépense, ralentit le projet ; Monsieur le maire eut finalement gain de cause et le pont fut construit plus charpenté. Sage précaution puisque 80 ans après il est toujours solide sans avoir jamais faibli.

Un ingénieur, Etienne Montredon, fût donc choisi et vint s'installer dans le village avec sa famille, occupant la maison Rouvière, qui est la première maison à l'entrée ouest du village. De nos jours, un ingénieur fait quatre visites d'un quart d'heure chacune sur l'ensemble du chantier ; les temps ont bien changé. Pendant plusieurs mois une équipe d'ouvriers étrangers travailla à cet ouvrage et il nous a été conté que ces ouvriers étaient très sensibles à la sonnerie des heures à l'horloge du clocher local. Ce tintement leur rappelait-il leur lointain village où étaient-ils surpris de ce raffinement d'urbanisme dans une aussi petite commune ?

Les distractions dans nos campagnes n'étaient pas nombreuses à l'époque, aussi le chantier attirait-il des curieux qui venaient là, prendre le soleil et discuter de la pluie et du beau temps en attendant de pouvoir passer sur le pont. Ce jour arriva et l'inauguration donna lieu à une grande fête. Officielle d'abord, à la mairie, à l'église ensuite. Les jeunes filles du village avaient décoré les murs et le choeur  avec des fleurs et des guirlandes faites des feuilles de lierre enfilées sur une ficelle. Ces guirlandes sont restées en place de longues années après qu'on eut fermé l'église et nous les avons vues jusqu'à la guerre de 1914. Il y eut un concert, des chants d'allégresse car le vin de noix et la carthagène si savoureuse de Domessargues coulaient à flots sur les gâteaux très généreusement distribués. En ces temps là, pas si lointain, on savait vivre.

8. Le village au début du XXème siècle

Cet article est extrait du bulletin d'information n°11 d'août 2003

Cette fois-ci, nous continuerons à retracer l'historique de notre village par la partie du récit de M. GUEIDAN qui traite de la période du  début du XXème siècle.

Enfin le XXème siècle. 1900, c'est tout près de nous et pourtant bien loin.

En 1905 l'école communale toute neuve ouvrit enfin ses portes, ce qui libérait une salle de la mairie.

En 1906 était inauguré à Brignon, sur le Gardon, le pont à arches. Cet important évènement permit à quelques uns de nos concitoyens de revêtir leur habit de fête pour assister à la cérémonie, ensuite au banquet qui comportait plus de cent couverts ; les municipalités des villages voisins étaient invitées. De nombreux curieux franchirent également les cinq kilomètres pour voir de près Monsieur Emile Loubet, alors Président du Conseil, et sa suite. Cet important et utile ouvrage d'art devait être emporté par une crue du Gardon le 9 octobre de l'année suivante.

Quoique bien jeune encore, mes souvenirs se précisent à partir de cette époque. Nous passions les grandes vacances avec ma jeune soeur, sous la garde de notre grand'mère, dans cette bonne vieille maison familiale millénaire qui avait vu naître ma mère. Le village était calme et c'était notre troupe d'une dizaine de joyeux garnements qui assurait la plus grande vitalité. De cette équipe du début du siècle, sont prématurément disparus : Denis Boucoiran, Octave Pauc, Auguste Combet, Abel Roux et mon jeune cousin Félix Floutier, qui de Marseille, venait passer les vacances avec nous. Les survivants de cette équipe arrivent au seuil des 80 ans (au début des années 1980). Ce sont Aimé Saussine, le doyen ; votre serviteur, de quelques mois plus jeune ; Auguste Dumont et Roger Bertrand, les cadets. Ceux du même âge qui ne sont pas cités ne faisaient pas partie de la troupe, n'habitant pas le village même ou ne se mêlant pas à nos jeux.

Nos escapades de prédilection nous amenaient à la Courme où nous allions pêcher à la main, sous les pierres dans tous les gours d'en bas, ou à la Tuilière. Le bois de Renaudine était notre champ de bataille où nous faisions la petite guerre dans la vieille bergerie en ruine. Nous construisions derrière l'église des charbonnières miniatures, à l'image des Piémontais qui, à l'époque carbonisaient dans nos bois, et nous vendions ce mauvais charbon pour quatre ou cinq sous que nous allions vite dépenser en bonbons, chez Aline, l'épicière du village qui tenait dans la rue principale une petite boutique fort bien pourvue car la brave femme ne se laissait jamais démunir des produits ou accessoires qu'elle savait être utiles à la clientèle. Sur les étagères s'entassaient les boites de pâtes, de sucre, de chocolat, les paquets de lacets, les sandales. Les bidons de pétrole, qu'elle détaillait au litre, étaient posés à même le sol et servaient de socle aux caisses de savon et de bougies. Je me souviens y avoir vu des pains de sucre, en cône, hauts de 30 centimètres environ, ceints de papier bleu roi. Cette présentation a disparu de nos jours. Le rayon sucreries et bonbons était fort bien garni et recevait souvent notre visite.

Quant aux marchands ambulants qui assuraient l'approvisionnement du village, ils ne possédaient pas des magasins roulants richement équipés comme ceux qui nous visitent aujourd'hui, mais d'humbles petites carrioles, tel ce bon petit vieux qui venait de Saint-Geniès avec une longue baladeuse attelée d'un pauvre bourricot et que l'on surnommait, homme et matériel : le Bazardet. Sa modeste marchandise se composait de quelques paires de lacets, de bobines de fil, d'une demi douzaine de paires de sandales et autres pacotilles de peu de valeur, car la modicité de ses finances ne lui permettait pas de faire des stocks importants. Quand il arrivait aux premières maisons du village, il signalait sa présence en soufflant dans une petite trompette au son nasillard, et c'est cet instant que choisissaient les garnements du pays pour s'accrocher au fond du véhicule et obliger le petit âne à stopper et même à reculer, au grand dam du vieillard qui chassait les opportuns à coup de fouet, sans jamais les atteindre.

9. Le village au début du XXème siècle (suite 1)

cet article est extrait du bulletin d'information n°12 de novembre 2003

Cette fois-ci, nous continuerons à retracer l'historique de notre village par la partie du récit de M. GUEIDAN qui traite de la suite de la période du début du XXème siècle.

Il y avait également à demeure un artisanat des plus modeste mais fort utile à l'époque : un atelier de forge et maréchalerie tenu par Bouquiranet, dont vous reconstituerez facilement le nom véritable et dont la forge et l'atelier existent encore sous une magnifique voûte moyenâgeuse, qu'il eut été facile de conserver à la communauté et de restaurer à bon compte, si la politique du moindre effort ou le petit intérêt n'avait dominé chez ceux qui auraient pu la sauver avant qu'il ne soit trop tard.

Ce maréchal-ferrant, personnage extraordinaire, réparait tout ce que l'on peut imaginer. Avec un outillage rudimentaire, il soudait, brasait, forgeait, coupait avec adresse tout ce qu'on lui proposait. Il ferrait également les chevaux qu'on lui amenait de tout le canton. Ils étaient attachés dans la rue, certes très étroite, qui monte à l'église et quand il opérait l'odeur de la corne brûlée envahissait le quartier pour toute la journée. Son premier réflexe lorsqu'on lui apportait un objet à réparer était de vous assurer avec véhémence qu'avant un mois il ne pouvait s'en occuper ; le lendemain vous pouviez prendre livraison de votre commande !

Coutelle, personnage également pittoresque, était petit, boiteux, inséparable de son âne attelé à une petite carriole ; il était quelquefois la providence des voyageurs qui arrivaient à la gare de Nozières où il se trouvait souvent pour prendre livraison de marchandises, étant le cabaretier du village. Il était également « l'intellectuel ». Oh ! bien modeste, car ce n'est guère que sur la plan politique qu'il extériorisait son savoir. Il était surtout l'orateur aux enterrements de ceux qui  partageaient ses idées.

C'était toujours « au nom de la Libre Pensée » qu'il venait apporter le soutien aux affligés ayant accepté sa participation à l'ultime cérémonie. Pour camper son personnage il se coiffait, pour suivre le convoi jusqu'à la tombe, d'un chapeau noir à larges bords (ce qui était l'apanage des socialistes de l'époque).

Or, un jour se produisit un évènement qui vaut d'être conté. Arrivé au cimetière, Coutelle se campe face au cercueil et les gosses, qui prennent toujours place au premier rang, l'entourent aussitôt afin de ne rien perdre du discours auquel d'ailleurs ils ne comprendront rien. L'orateur se découvre d'un geste large et pose résolument son couvre-chef sur la tête du gosse le plus près de lui et la petite tête disparaît entièrement dans le vaste sombrero, à la plus grande joie de l'assistance qui, malgré la gravité de l'heure présente, ne peut retenir son rire. Mais le suspense n'était pas terminé pour autant car, à ce même instant, l'épouse de l'instituteur arrive en courant, affolée, pour annoncer à son mari la visite de l'inspecteur d'académie qui, à l'école, était furibond de voir la classe déserte. Monsieur Vassas l'instituteur, rassemble rapidement sa marmaille et revient tout penaud auprès de son supérieur ; car il n'était pas prévu au règlement que les élèves quittent la classe pour assister aux funérailles d'un de leurs concitoyens.

Ce brave Coutelle était également « l'homme à tout faire » de la commune, entr'autre l'artificier. Un soir de 14 juillet, il allume une fusée qui monte droit vers le ciel, mais qui heurte au passage une tuile débordante qui vient rebondir sur son crâne ; mais notre homme, qui avait la tête dure et le réflexe rapide, feint l'indifférence malgré la douleur, à la grande surprise des assistants qui, par un réflexe intérieur, avaient ressenti le coup pour lui.

N'était pas moins typique ce Maraval, un rude bonhomme, qui, pour faire du spectacle gratuit, ne craignait pas d'affronter dans la rue un bouc contre qui il luttait tête contre tête. En temps normal il vivait dans une hutte en plein bois, comme l'exigeait à l'époque son métier de « bouscatier ».

10. Le village au début du XXème siècle (suite 2)

Cet article est extrait du bulletin d'information n°13 de février 2004.

Cette fois-ci, nous continuerons à retracer l'historique de notre village par la partie du récit de M. GUEIDAN qui continue à traiter la suite de la période du début du XXème siècle.

Clorin était un vieux solitaire qui travaillait deci delà, mais il avait une spécialité. Possesseur de la seule pompe à vin, dite catalane, qui existait dans le village, il assurait le soutirage du vin à la fin des vendanges en passant d'une cave à l'autre, à tour de rôle.  Mais la vinification ne durant pas douze mois de l'année, il avait organisé un salon de jeu clandestin. Ce salon était en fait une misérable turne qui avait nom « La Cambuse », située dans une vieille maison de la rue Montante, dont on franchissait le seuil en descendant trois marches, pour aboutir sur un sol en terre battue, recouvert de paille afin d'atténuer le froid aux pieds. Les soirs où le café faisait relâche, les hommes du village venaient y jouer et faire la sizette ou le rami tout en buvant le café, que l'on remuait avec un simple bâtonnet pris au fagot du feu de bois, dans de vieilles tasses ébréchées ; suivait une rasade de gnôle, très libre à cette époque.

Mais le jeudi et le samedi soir les hommes se retrouvaient au café Dumas, dans le Chatelard, où Dumasset et son épouse, la Marie, recevaient les consommateurs. Le petit jardin attenant était très agréable à la belle saison ; pendant la fête votive une petite estrade sommairement installée dans un angle permettait à un diseur et à une disette en robe pailletée de faire entendre les dernières rengaines de casino. Ce sympathique bistrot ferma définitivement sa porte pendant la grande guerre.

Lorsque Clorin avait terminé le soutirage du vin, il était remplacé par un autre artisan, Jules Vidal, le propriétaire du seul pressoir à vendange de la commune, et qui, à la demande, allait exécuter la dernière opération de vinification chez les particuliers.

Mais l'atelier le plus important des saisonniers était le moulin à huile. Situé au bas du village, dans une vaste remise, il commençait à fonctionner dès le mois de novembre et ne s'arrêtait qu'en janvier. Il était actionné à bras d'homme et traitait les olives de tous les villages environnants. Jusqu'au milieu de ce siècle en effet, l'olivier le disputait au mûrier par le nombre dans la région. Les collines au nord du village étaient disposées en terrasses (que l'on appelle ici des faysses, et dans les Cévennes des bancels). Ces oliviers précieux étaient étagés sur les retenues de terre ; ils ont dû fournir les premières ressources de nos lointains aïeux, qui payaient leurs redevances aux autorités ecclésiastiques en setiers d'huile d'olive ; j'en parle plus loin, dans le chapitre consacré à l'église du village. Donc, au XVème  siècle, l'olivier était déjà très largement cultivé sur le terroir de Domessargues. Le propriétaire du moulin, Auguste Abel, fut tué à la guerre, en 1916 ; cela condamna définitivement l'atelier. Le moulin a été démantelé et certains de ces éléments lourds ornent maintenant le jardin du petit-fils du meunier.

La boulangerie jouait un rôle primordial dans l'activité du village. César Marquet et sa femme Sophie en assuraient le bon fonctionnement, et leur fils aîné Roger allait vendre un pain d'une excellente qualité dans les villages environnants ; il utilisait pour son transport une camionnette bâchée qui fut le premier véhicule à moteur utilisé dans le village. Le dimanche il y avait une fournée spéciale de coques et de croissants qui ne sortait que l'après-midi. Les enfants, dont moi-même, attendions ce moment avec impatience, notre sou au bout des doigts : cinq centimes, prix de cette friandise dominicale.

Le four étant la propriété de la commune, le boulanger était tenu d'assurer la fournée populaire le samedi. Chaque maison possédait son pétrin ; aussi, avant l'aube ce jour là, la ménagère pétrissait-elle sa pâte, dont elle avait préparé le levain la veille. Une marque particulière était incorporée sur la pâte : une amande, un petit morceau de bois, une empreinte quelconque ; ainsi chacun retrouvait son bien sitôt le défournage, occasion pour tous de commentaires divers selon la réussite de la brioche. Ce matin là, les environs du four embaumaient de la bonne odeur du pain de jadis, cuit au feu de bois d'yeuse du terroir

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11. Le village au XXème siècle

Cet article est extrait du bulletin d'information n°14 de mai 2004

Cette fois-ci, nous continuerons à retracer l'historique de notre village par la partie du récit de M. GUEIDAN qui traite de la suite de la période du XXème siècle.

Parmi les célébrités de l'époque au village, il serait injuste de ne pas parler du facteur rural Maurin, un bon quinquagénaire, mutilé de la guerre de 1870, qui, en blouse bleue ceinturée de cuir, le képi en bataille, assurait journellement la distribution du courrier au départ de Boucoiran, en passant par Nozières-les-Bois, Domessargues et ses écarts, Mauressargues et retour dans la matinée. Un jour, sa tournée presque terminée, il s'aperçut qu'il avait oublié de déposer une lettre chez un habitant de notre village. Il refit en sens inverse les deux kilomètres qu'il avait déjà parcourus, afin de remettre à son destinataire le pli qu'il avait conservé distraitement. Conscience professionnelle que nous retrouvons de nos jours en la personne d'André Gleyze, le sympathique préposé des P. et T., qui dessert le village par Lédignan, mais en 2 cv. ! J'ai le plaisir à parler de Gleyze, car, entre Maurin et lui, régnèrent certains facteurs qui faisaient la tournée à bicyclette et qui, le jour où cela les arrangeaient, évitaient le village afin de raccourcir leur besogne.

Nota : le dernier facteur cité dans le texte a été victime à la fin des années 1980 d'un très grave accident qui l'empêcha de reprendre son activité professionnelle.

Distant de trois kilomètres de la gare de Nozières, Domessargues était desservi pour ce trajet par un curieux véhicule, une espèce de patache qui partait de Moulézan avant l'aube pour assurer le courrier jusqu'à la dite gare. Le cocher prenait éventuellement des voyageurs, et de nombreuses fois à l'heure matinale, j'ai gagné avec mes parents la gare par ce moyen de transport qui marquait l'arrêt au mas Terris et repartait cahin-caha au pas tranquille de son cheval.

Une autre calèche avec cocher abordait parfois le village. C'était celle du docteur de Saint-Geniès, qui nous révélait par sa présence qu'il y avait un malade grave dans le pays ; on la suivait de loin pour connaître le patient, car les habitants de Domessargues n'auraient pas dérangé un tel personnage pour un simple rhume ou un furoncle, comme de nos jours.

Une autre visiteuse, assez redoutée quoique très brave personne, était « la femme des dépêches » car ses plis n'apportaient généralement que de mauvaises nouvelles. Cette modeste commissionnaire, qui cachait sa calvitie sous un mauvais fichu, faisait le trajet à travers bois, pour quelques sous.

L'élevage du vers à soie était pour le village une industrie secondaire, mais très captivante. A tous, riches ou pauvres, elle apportait un supplément de revenu très apprécié, car cette besogne ne coûtait pratiquement que de la main-d'oeuvre, et celle-ci ne se galvaudait pas alors. Dans toutes les maisons était installé un matériel adéquat, dans la pièce appelée magnanerie, que l'on maintenait à une température régulière. Le mûrier, qui assurait l'alimentation du ver, était l'arbre roi autour du village. Tous les champs, toutes les vignes étaient ceints de rangées de mûriers qui offraient le double avantage de fournir au bombyx sa nourriture et d'abriter les chevaux contre la forte chaleur du midi pendant le repos, entre deux travaux champêtres. La totalité de ces arbres a été arrachée, victimes du progrès, ils gênaient la manoeuvre des tracteurs. La réussite d'une récolte, très incertaine d'ailleurs, s'évaluait à deux kilos de cocons pour un gramme de graines ; souvent, hélas ! le solde restait en deçà de cette proportion.

La Pompe : C'est par cette simple appellation que l'on désigne le monument qui, jusqu'au milieu de ce siècle, a été le plus apprécié et le plus utilisé dans le village.

Ce modeste point d'eau se situait à l'origine à peu près à l'emplacement du « mazet Issoire », au quartier de Cambajon où se trouvent encore des touffes de roseaux. Au cours des siècles, cette source a disparu en surface, puis elle a été récupérée quelques centaines de mètres plus bas par nos aïeux, et domestiquée en un puits profond surmonté d'une pompe à main qui a assuré l'alimentation du village en eau d'une pureté remarquable jusqu'au milieu du siècle. A partir de ce moment, la qualité de l'eau s'est dégradée à tel point que le liquide est devenu non potable.

Est-ce à la suite d'infiltrations de produits pesticides, d'eaux de ménage ou autres ? Nul ne le sait, et l'on ne s'est pas inquiété outre mesure de cette dégradation ; car, à cette époque était créé le syndicat intercommunal d'adduction d'eau ; un réseau était inauguré quelques mois plus tard ; il permettait désormais à chacun de recevoir ce précieux liquide au robinet de la cuisine.

Cette pompe a joué jusqu'à la guerre 39-45 un rôle très important dans la vie de la commune ; les ménagères allaient bien évidemment s'y approvisionner, surtout aux heures précédant les repas, et profitaient de ces rencontres avec leurs concitoyennes pour faire un brin de causette ; les hommes du village y allaient faire abreuver leurs chevaux, les faisant boire dans la pile même où les femmes déposaient leurs divers récipients sous l'énorme robinet de cuivre (il ne fonctionnait pas par lui-même, mais libérait l'eau dès que l'on actionnait l'immense volant de fonte qui commandait la pompe intérieure). Lorsque nous étions enfants, nous nous faisions un plaisir de tourner nous-mêmes la roue, qui nous soulevait alors à chaque tour, pour notre plus grande joie.

Avant sa désaffection, ce rustique monument fonctionnel avait un charme particulier ; construit dans l'esprit artisanal du pays, aux pierres apparentes et jointoyées, de style méditerranéen ; il faisait penser à un puits arabe. Avec le souci de bien faire, un maçon consciencieux l'a malheureusement transformé en un blockhaus de béton qui n'a plus aucun caractère.

Quelquefois, le mieux est l'ennemi du bien.

12. Le village et les fêtes

Cet article est extrait du bulletin d'information n°15 d'août 2004

Cette fois-ci, nous continuerons à retracer l'historique de notre village par la partie du récit de M. GUEIDAN qui traite des différentes fêtes existantes dans le village.

Comme tout village qui se respecte, Domessargues a sa fête votive. Son existence est attestée depuis plus de cent cinquante ans sans que l'on puisse remonter à son début. Elle est fixée d'une manière immuable au dimanche qui suit Pâques, et cela pour la raison suivante. Au début du XIXe siècle, la fête chrétienne était célébrée à Domessargues le dimanche suivant la fête de la Résurrection, car le prêtre de la paroisse desservait, comme de nos jours d'ailleurs, de nombreux villages ; mais il réservait le dimanche de Pâques au siège de sa paroisse, ce qui était logique ; le dimanche suivant, c'était Domessargues qui bénéficiait de la cérémonie ; le clergé catholique tentait là de remonter le niveau de l'Eglise Romaine dans ce petit village où la Religion Réformée avait pris un avantage considérable. Mais l'expérience ne réussit pas, et la fête chrétienne vira petit à petit en fête païenne qui, elle, résista contre vents et marées puisqu'elle s'est maintenue jusqu'à nos jours et ne semble pas vouloir disparaître.

Elle s'est tout de même bien transformée ; l'évolution des moeurs, le progrès, les guerres ont amené de profonds changements dans son déroulement. Au début de ce siècle, elle se manifestait encore avec un éclat particulier. Oh ! non par l'éclat des illuminations, ou la splendeur de la décoration mais par les sentiments d'amitié, par la présence, par le rassemblement de la famille qui permettaient aux parents lointains de se retrouver au grand complet autour de la table familiale pendant deux ou trois jours.

Il est curieux de constater que la fête d'un tout petit village soit plus connue et plus célèbre que bien d'autres. Léon Chaleil, dans son récit « Mémoire du Village », la cite comme fête traditionnelle pour Brignon. On la préparait longtemps à l'avance dans les familles. Le plus beau coq était réservé au festin de ces trois jours, ainsi que le chevreau qui était particulièrement soigné. La crème et les oreillettes étaient les desserts traditionnels qu'arrosait la fameuse carthagène de Domessargues.

L'orchestre ne coûtait pas encore des sommes folles et pourtant nous entraînait fort allègrement au son de ses cuivres : un piston, une clarinette et une basse qui jouaient toujours la même polka dont je me rappelle le rythme et que je fredonne souvent par plaisir, non sans une certaine nostalgie.

Les forains arrivaient le vendredi et installaient leur modeste métier : loterie, tir, balançoires ; le patron de ces dernières faisait participer les enfants du pays au montage du manège, contre un long tour gratuit dès le travail terminé. Le cirque Chambert aussi était là, une famille nombreuse dont tous les membres avaient un rôle, du plus petit jusqu'au plus grand, en passant par le cheval miteux et la chèvre équilibriste.

Le lundi était le dernier jour pour la danse ; le mardi, la jeunesse allait goûter au sommet du Serre de la Cabane.

Heureux temps où les jeunes avaient des goûts plus simples que de nos jours. . .

La Saint-Jean était fêtée selon la tradition, et le foyer que l'on dressait « aux aires » semblait répondre à ceux qui s'allumaient dans le lointain, vers l'ouest où l'on aperçoit quelques villages et hameaux. Les bruyères qui avaient servi de ramure aux vers à soie faisaient les frais du spectacle en cette soirée du 24 juin.

Le 14 juillet était également jour de liesse, et la municipalité se devait de garnir la mairie et l'école de drapeaux et de lanternes vénitiennes. Tout républicain bon teint en faisait autant sur la façade de sa maison. Mais les lanternes étaient parfois remplacées par des coquilles d'escargot enfilées sur un fil de fer et qui, complétées de quelques gouttes d'huile et d'une petite mèche, jouaient le rôle de lumignons, d'un effet très curieux la nuit venue.

13. Le village et les deux guerres au XXème siècle

Cet article est extrait du bulletin d'information n°16 de novembre 2004.

Cette fois-ci, nous continuerons à retracer l'historique de notre village par la partie du récit de M. GUEIDAN qui traite d'évènements qui se sont déroulés dans la première moitié du XXe siècle.

La vie tranquille de notre petit village allait être tragiquement bouleversée, comme partout ailleurs, le 2 août 1914. Le premier jour de la mobilisation, plus de quarante chevaux étaient rassemblés et réquisitionnés sur la petite place du village. Ce fut une ponction catastrophique mais qui en précédait une plus terrible encore. Un mois ne s'était pas écoulé depuis la déclaration de guerre que le premier mortuaire arrivait ici ; et dix fois encore avant le 11 novembre 1918, le triste message venait jeter le deuil dans la population de moins de 150 habitants.

La reprise à la vie normale fut pénible, mais la nécessité de travailler intensément fut le meilleur dérivatif et le mouvement reprit lentement, tout comme les bourgeons sur les arbres après un rude hiver.

Cependant le rythme allait changer ; l'équipement électrique fut mis en place en 1923 ; les bicyclettes, les automobiles, les tracteurs, de jour en jour devenaient plus nombreux dans le village. Les enfants poursuivaient leurs études au-delà de l'école locale, et les vingt années qui suivirent l'armistice virent éclater la vie calme et campagnarde de la région.

Bientôt, hélas ! l'horizon s'obscurcit à nouveau, et la guerre de 1939 vint casser ce rythme d'évolution ; pendant cinq années le pays fut paralysé. Heureusement, le monument aux morts qui était déjà en place n'eut à recevoir aucune inscription. Un seul prisonnier de guerre, Jules Biancotto, fut obligé d'attendre la fin des hostilités pour regagner le village.

En 1942, une course de taureaux fut organisée au profit des victimes de la guerre. Elle se déroula au pré de Bonnet et obtint un très grand succès ; la buvette fut vite dévalisée et l'on dut servir du vin ordinaire pour contenter tout le monde, ce qui est un fait peu courant dans notre région.

En 1943, un bataillon allemand vint occuper le village ; l'école fut réquisitionnée aussitôt pour abriter les officiers. L'enseignement fut alors dispensé aux enfants dans ma maison qui était pratiquement libre. Les blindés et les hommes campaient dans les olivettes autour du cimetière.

La journée la plus tragique, et heureusement la dernière de cette triste période, fut celle du 25 août. La débâcle de l'armée allemande jeta sur le village un régiment en débandade qui, sans nourriture, pillait toutes les fermes qui se trouvaient sur son chemin ; ainsi les mas Moutet, Marquet et surtout le mas Perrier furent les victimes de ces vandales, finalement décimés par l'aviation alliée, quelques dizaines de kilomètres plus loin, à Euzet-les-Bains. Le cauchemar était terminé ; car, aussi pénible qu'aient été les évènements par la suite, ils n'atteignirent jamais à la tragédie des mois passés sous la botte allemande.

Les restrictions alimentaires n'étaient pas aussi graves qu'à la ville, mais ceux qui ne possédaient pas de basse-cour ou n'élevaient pas de cochons étaient tout de même bien malheureux ; c'était notre cas ; aussi, les nombreux pièges ou lacets que l'on tendait dans le bois nous permettaient-ils de manger du lapin assez souvent…

                 Monuments aux Morts de la guerre 1914-1918

 MARQUET Léon Etienne
Août 1914, Jaulnay-Luzy, Meuse

BOURGUET Jules
Septembre 1914, Moulin-Lacour, Meuse

ROUX Alfred
Janvier 1915, Bois-de-la-Gruerie, Argonne

BALMES Henri
Avril 1915, En mer, A bord du « Gambetta »

FLOUTIER Antoine
Mai 1915, Grand-Mesnil, Meurthe-et-Moselle

RICHARD Armand-Léon
Septembre 1915, En Champagne

ABEL Auguste
Mai 1916, Flirey, Meurthe-et-Moselle

HUGUET Raoul Ulysse
Septembre 1916, Maricourt, Somme

BERTRAND Auguste
Mai 1918,Ferme-de-Tincelli, Aisne

BRUGIER Arthur
Août 1918, Suippe, Marne

MALLET Léon Frézal
Septembre 1918, Saint-Mandrier, Toulon

14. Le village après la guerre de 1939-1945

Cet article est extrait du bulletin d'information n°17 de février 2005

Cette fois-ci, nous continuerons à retracer l'historique de notre village par la partie du récit de M. GUEIDAN qui traite d'évènements qui se sont déroulés dans la seconde moitié du XXe siècle.

Les fusils de chasse furent restitués et permirent d'améliorer l'ordinaire, car le gibier resta abondant dans notre commune jusqu'au jour où, par la volonté d'un énergumène égoïste, la myxomatose décima la gent lapine. Les chasseurs, se rabattant sur les perdreaux, eurent tôt fait de les exterminer. Le sanglier était encore rare à cette époque (depuis quelques années, sa présence s'est fortement manifestée, pour le plus grand plaisir des nemrods domessarguois).

Un évènement d'une grande importance marqua un nouveau démarrage de l'activité paysanne : la création d'une cave coopérative fut décidée et le projet connut sa réalisation en 1946. Elle fonctionne depuis d'une façon parfaite et livre un vin léger mais très apprécié car d'une qualité exceptionnelle due au terroir de Domessargues. Mais, trente-six ans après, on attend toujours son inauguration ! (1)

1956. Le bien le plus précieux était enfin une réalité concrète pour les habitants. L'eau potable arrivait jusque chez le particulier. Un syndicat intercommunal s'étant constitué entre neuf villages de la région, le projet avait été enfin réalisé et apporta un soutien efficace à la pompe défaillante décrite dans un chapitre précédent.

En 1959, un projet, assez astucieux pour un tout petit village, vit le jour à Domessargues : la construction d'un foyer rural, issu d'un vieil immeuble désaffecté. On créa une magnifique salle de 8 mètres sur 20, très bien aérée par une terrasse surplombant une placette bien clôturée ; elle permettait désormais l'organisation de fêtes, de bals, et de manifestations diverses en lieux clos ou en plein air ; ce fut une vraie réussite que l'on peut mettre à l'actif du maire Octave Pauc, son réalisateur. (2)

Certes, la création de la cave, l'adduction d'eau, l'ouverture du foyer, évènements si importants sur le plan local, ne constituent pas une rareté, et les villages voisins se sont équipés de même.

Par contre, dans cette seconde partie du siècle allaient se présenter deux circonstances susceptibles de faire connaître notre petit village dans la France entière et au-delà de nos frontières.

D'abord l'arrivée dans nos murs d'un écrivain qui allait devenir rapidement célèbre ; c'est sur notre terroir que Jean Carrière écrivit le roman qui, quelques mois plus tard, remporta le prix Goncourt : « L'Epervier de Maheux » qui attira l'intérêt du monde littéraire sur ce petit coin de terre languedocienne.

Deuxièmement, et d'une façon aussi retentissante, la restauration de la chapelle romane du XIe siècle et sa sauvegarde au moment même où sa destruction était sérieusement envisagée.

La destination oecuménique de la chapelle de Domessargues provoqua la décision. Le Comité de Sauvegarde créé dans les années 1965-66 eut la bonne fortune de souder les deux communautés religieuses, protestante et catholique, et de permettre aux croyants de retrouver leur légitime lieu de culte qui, jusqu'à ce jour, s'était déplacé d'une salle de la mairie à l'ancien four désaffecté !

Sur le plan archéologique aussi, la restauration de l'édifice, pour laquelle j'ai bataillé pendant plus de trente ans, devenait réalité.

Nota :

(1) La cave coopérative de Domessargues, qui n'a finalement jamais été inaugurée officiellement, a été fermée par décision des coopérateurs en 1990 pour recentrer toutes les activités vinicoles sur la cave de Montagnac.

Elle a ensuite été rachetée à titre privé (Domaine du Mas Floutier) et remise en service par M. Bernard Floutier en 1996.

(2) Il s'agit du foyer Georges Brassens.

15. Le village et la restauration de la chapelle

Cet article est extrait du bulletin d'information n°18 de mai 2005

Cette fois-ci, nous continuerons à retracer l'historique de notre village par la partie du récit de M. GUEIDAN qui traite l'évènements qui se sont déroulés dans la seconde moitié du XXe siècle.

Par le jeu de circonstances assez extraordinaires, deux personnages catholiques totalement étrangers au village entrèrent dans le mouvement.

Tout d'abord, une soeur bénédictine de Vanves, Chantal Banquier, nîmoise d'origine, à la recherche d'anciennes fondations de son Ordre dans notre région ; apprit par le maire que je m'intéressais à ce sauvetage, prit contact avec moi en 1962 et me proposa son concours.

D'autre part, un belge, Le Père Philippe Liessens, religieux assomptionniste, qui venait depuis quelques années dans les Cévennes comme guide de groupes oecuméniques, apprenant le projet de restauration de la chapelle, voulut s'y associer d'une façon très active, sur les deux plans, religieux et archéologique.

Une troisième personne, Soeur Antoinette Butte, de la communauté des soeurs réformées de Pomeyrol (Bouches-du-Rhône), apporta son appui à l'initiative d'où devait résulter la renaissance oecuménique de la chapelle de Domessargues.

Après avoir visité la population, le Père Liessens amena en juillet 1967 un groupe de douze jeunes gens qui s'installèrent tant bien que mal (plutôt mal que bien . . .) dans des bâtiments vétustes ; mais, quand on a dix-huit ans et que l'on émerge des brumes nordiques pour s'installer sous notre ciel céruléen que n'accepterait-on pas ? D'autant que cette précarité d'habitat n'allait être que provisoire. En effet, le mouvement s'amplifiant les années suivantes, la vie au village s'est organisée en sa faveur et, après un début difficile, les conditions d'hébergement sont devenues tout à fait normales et le sont restées pendant les seize années qui ont suivi. Nos jeunes amis ont bénéficié d'une belle cuisine cévenole, rustique certes mais pourvue de réchaud, frigidaire, accessoires divers ; d'une literie confortable, de douches, etc…

A partir de 1968, l'effectif des jeunes participants doubla chaque année jusqu'à devenir envahissant pour le petit village qu'est Domessargues, et l'on dût étaler le mouvement sur les communes voisines ; ainsi Brignon, Mauressargues, Saint-Maurice-de-Cazevieille, Lézan, Fons, Gajan et Moulézan participèrent à cette présence de la « Fraternité des Cévennes ».

Mais au cours des années, les circonstances firent que le mouvement dût renoncer à cette extension des groupes dans la région pour ne maintenir, à partir de 1978, qu'un seul groupe à Domessargues, point de départ de cette initiative. Ainsi depuis 1968, chaque année, à cheval sur juillet et août, les camps des jeunes belges et quelques français, catholiques et protestants fraternellement réunis, ainsi que des allemands, des noirs même, étaient attendus avec impatience par la population, notamment par les enfants du village ; car, pris en charge par les jeunes du groupe en séjour, qui jouent le rôle d'animateurs très appréciés, ils vivent intensément ces trois ou quatre semaines dans une ambiance qui change du calme plat des autres jours de leurs vacances.

Ce rassemblement a permis la création d'une grande fête : la kermesse franco-belge, qui est devenue la plus belle fête familiale du village. Tous les amis du mouvement se retrouvent par un beau dimanche de juillet sous les frais ombrages du Clos des Mûriers. C'est l'occasion pour les gens d'ici de prendre contact d'une façon amicale avec les nouveaux habitants de la commune qui ont fait construire une villa ou une petite maison aux abords du village et qui assistent à cette fête. Car, depuis la dernière guerre, plus de trente habitations ont poussé comme des champignons sur notre petit territoire. Il serait souhaitable de voir ces nouveaux venus assurer avec les autochtones une relève spirituelle et morale comme ils l'ont développée sur le plan matériel et immobilier. Il y a actuellement dans notre petit village un tel mouvement que certaines communes beaucoup plus importantes nous envient : le camp annuel des jeunes, le renouveau de la chapelle oecuménique, l'équipe de football qui joue en première division sur un terrain magnifique lui appartenant, l'amicale des randonneurs sur sentiers balisés, etc...… N'est-ce pas un capital (oh ! bien modeste) spirituel et actif à conserver, à entretenir, à amplifier ? Je crois bien y avoir apporté une assez large part.

16. Le village et les récompenses

Cet article est extrait du bulletin d'information n°19 de septembre 2005

Cette fois-ci, nous continuerons à retracer l'historique de notre village par la partie du récit de M. GUEIDAN qui traite d'évènements qui se sont déroulés dans la seconde moitié du XXe siècle.

Entre temps, j'obtins pour le village une médaille d'argent au concours « Village que j'aime ».

Ce pourrait être le titre de ma brochure.

Il s'agit en fait d'un concours organisé en 1967 par un comité national patronné par les ministères de l'Agriculture, de l'Industrie, de l'Environnement, etc…

Sollicité par Monsieur Jean Reboul, maire de Domessargues, je constituais un dossier relatant toutes les réalisations récentes en insistant sur la restauration et la remise en fonction de notre chapelle romane.

Malgré la modicité de notre participation, ce concours nous valu une Médaille d'Argent, remise solennellement à Saint-Mathieu-de-Tréviers, au cours d'une magnifique cérémonie, suivie d'un banquet auquel mon épouse et moi-même furent conviés pour accompagner Monsieur le Maire.

Sur un sautoir aux couleurs du Languedoc, cette médaille d'une très belle facture est gravée au nom de notre village et déposée à la Mairie.

Mais une belle aventure nous attendait encore !

LE CONCOURS « CHEFS-D'OEUVRE EN PERIL »

En juin 1980, une lettre émanant d'Antenne 2 parvenait à Domessargues, nous rappelant que le concours des chefs-d'oeuvre en péril, qui avait été abandonné depuis 1975 et auquel nous avions porté notre candidature sans résultats pendant six années consécutives, était rétabli à l'occasion de l'année du Patrimoine et que notre participation serait vue avec sympathie par le comité parisien. Reprenant les six dossiers précédents et faisant tirer quelques nouvelles photos de la chapelle presque terminée, je me suis mis à l'ouvrage aussitôt, le délai d'envoi étant fixé au 1er août.

Le 16 Octobre, alors que j'avais tout à fait oublié ce concours, je fus appelé de Paris au téléphone, par M. Pierre Delagarde, le grand ordonnateur du mouvement de sauvetage des Chefs-d'oeuvre en Péril. Il m'annonçait l'attribution du 6e prix sur le plan national à notre beau monument.

Ma joie fut grande ainsi que celle de mes amis à qui je communiquais aussitôt la bonne nouvelle, et je me mis à l'oeuvre pour organiser la réception de M. Pierre Delagarde, de l'équipe de prise de vues et du matériel d'Antenne 2. Les exigences du meneur de jeu me parurent d'abord insurmontables tellement le délai était court pour les remplir et le personnel à manipuler important. Il exigeait vingt gars qui, avec des échelles, des brouettes, des tuiles et des pierres simuleraient un chantier en plein travail ; comme cela avait été fait avec les jeunes des camps, et demandait que soit célébré un culte protestant avec pasteur et chorale chantante dans une chapelle aussi pleine que possible. Dix jours seulement pour réaliser la rencontre du lundi 27 octobre ! En pleine vendange (très en retard cette année-là), la gageure fut tenue. Toute la population participa avec enthousiasme sans discrimination aucune, se créant ainsi par elle-même une merveilleuse journée de liesse, qui se termina par un vin d'honneur offert par la Municipalité au Foyer Communal.

En apothéose, le 10 décembre 1980, le Président de la République Valéry Giscard d'Estaing nous remettait, en présence de plusieurs ministres et de nombreux amis gardois, dans le Salon d'Honneur de la Maison de Radio-France à Paris, un chèque de vingt mille francs et le trophée d'Antenne 2 exposé depuis dans la chapelle.

Quatre jours après, le dimanche 14, tous nos amis étaient bien campés devant leur poste de télévision afin de voir les deux séquences de Domessargues et de Paris sur le réseau national.

Belle conclusion à trente ans de lutte.

Ainsi en ai-je terminé avec l'histoire de mon village ; l'animation qu'il connaît actuellement devrait se poursuivre dans les générations futures ; au seuil de mes quatre-vingts ans, c'est le voeu que je forme pour mon cher Domessargues.

17. Le village et l'église

Cet article est extrait du bulletin d'information n°20 de décembre 2005

Cette fois-ci, nous continuerons à retracer l'historique de notre village par la partie du récit de M. GUEIDAN qui donne une description de l'église.

L'EGLISE

Nous avons ébauché au début de cette étude l'histoire de la chapelle et nous avons presque tout dit de ce que nous en savions, ce qui est fort peu il faut bien l'avouer ; mais que dire qui soit véridique en dehors de la matérialité des faits ? Aucun document, aucune inscription sur le monument ne nous permettent de situer d'une façon certaine l'époque exacte de sa mise en oeuvre, l'identité de ses bâtisseurs. Son style, fin de la première période du romain, date approximativement sa construction aux années qui précèdent l'an mille ; car à partir de ce siècle, la décoration sculpturale va atténuer la rigidité des lignes de la période précédente et créer une transition entre le XIe et le XIIe siècle : elle se poursuivra jusqu'au XIIIe siècle où le style ogival assurera le changement.

Or, la pureté des lignes, l'élégance des courbes, les proportions entre les verticales et les arcs en plein cintre en font un chef-d'oeuvre qui n'a nul besoin de rosaces ou de figures allégoriques pour émerveiller les puristes qui expriment leurs sentiments sur le seuil, dès la porte ouverte. Ce dépouillement assure, à quelques années près, la date de naissance de l'édifice.

Le matériau employé, la pierre grise du pays, a été extrait d'une carrière située dans un site abrupt, dans la colline au nord du village ; actuellement perdue dans une végétation xérophile, cette carrière n'est repérable que par les seuls initiés. Dans ce lieu, une architecture assez curieuse de nombreuses murailles à pierres sèches, qui s'entrecroisent, laisse supposer qu'un ouvrage de défense y a été construit à l'époque préhistorique.

Mais revenons à notre église. Haute de 11 mètres, large de 9 et longue de 15, elle était jouxtée au nord par le cimetière paroissial qui fut supprimé vers 1940 (n'étant plus utilisé, il servait de dépotoir). Les murs en furent abattus et la porte qui s'ouvrait sur la place de l'église fut murée, ce qui transforma complètement le site.

Les fenêtres de la chapelle, qui sont à nouveau garnies de vitraux, étaient béantes depuis le siècle dernier, mais elles avaient été pourvues de vitres jadis, car, si les verres ont disparu, restent les carcasses protectrices que l'on n'a pas jugé utile de remployer lors des dernières restaurations.

Le sous-sol de la chapelle, que nos moyens et notre modeste savoir ne nous ont pas permis d'explorer ni d'exploiter, est fort riche : on y a découvert deux niveaux différents d'utilisation au cours des siècles qui ont précédé le XIe. Sous 60 centimètres du sol actuel se trouvent les fondations d'un bâtiment qui épouse la forme exacte, en demi-cercle, de l'abside, vestige d'une chapelle carolingienne, mais d'un diamètre nettement inférieur ; plus bas encore 60 centimètres environ, une base de mur transversal en bel appareil demeure perpendiculaire à l'axe de la chapelle. Est-ce l'assise d'un temple païen ? Ce mur se continue sur le côté droit de l'église actuelle, à peu près sous la petite porte murée, passe sous la ruelle sud et continue sous la propriété voisine.

Sous le choeur, dans un très ancien bloc maçonné qui a du supporter un autel disparu, a été découvert un fragment important d'un antique autel païen, témoin probable du sanctuaire celte primitif. Ce fragment est actuellement conservé dans une niche de l'abside de la chapelle.

A l'époque des guerres de religion, une fenêtre avait été ouverte au-dessus du cul-de-four et un étage avait été pratiqué à son niveau pour permettre à un guetteur de surveiller la crête des collines du sud-est par où arrivaient les dragons du roi quand ils pourchassaient les Camisards. Cette fenêtre a été bouchée lors de la restauration de la chapelle afin de rendre au monument son caractère initial. En revanche a été réouverte la petite fenêtre qui se trouve au fond de l'abside et qui avait été bouchée par précaution : se trouvant à hauteur d'homme, elle était d'un accès facile de l'extérieur.

Le campanile a été reconstitué avec les éléments d'origine, jusqu'alors laissés épars sur la toiture ; seule la croix en pierre avait disparu. La cloche elle-même a été récupérée dans une remise où elle avait été enfouie sous la paille du début du siècle. Sur la ceinture qui enserre la gorge et, fondu à même la cloche, on peut lire : Anno Domini - Eugène Baudouin - Fondue à Marseille. Cloche n°3.

Cette église bénédictine, placée sous le vocable de Saint-Etienne, ainsi que le prieuré et les terres qui en assuraient l'entretien, faisaient partie du diocèse d'uzès. Ce prieuré fut donné par le pape Clément IV à l'abbaye de Saint-Sauveur de la Font de Nîmes (actuellement le Temple de Diane, dans les Jardins de la Fontaine). Clément IV, natif de Saint-Gilles du Gard, était le secrétaire du roi Saint-Louis avant d'entrer dans les Ordres. Il s'appelait Guy Foulques ; sa fille Cécile était religieuse bénédictine à Saint-Sauveur de la Font ; ceci créa un lien particulier entre le Pape, l'abbaye et ses dépendances. En vertu de la donation de Clément IV, élu Pape en 1265, c'était l'abbesse de Saint-Sauveur qui, après consultation des soeurs en chapitre, présentait à l'évêque d'Uzès le prêtre destiné au prieuré de Domessargues. Un acte de janvier 1434 relatant la nomination d'un certain Guilhem Rey expose le droit de l'abbesse et du monastère qui est : « deux ceptiers d'huile d'olive, mesure d'Uzès, portable à chacune feste de Carnaval (donc le Mardi Gras) et la somme de quatre livres et demy, payable la moitié à la feste de tous les Saints ». Nous savons par ce texte que la culture de l'olivier était pratiquée au Moyen-Age dans notre commune.

Au XVIe siècle, les habitants de Domessargues optèrent à l'unanimité en faveur de la Réforme. Il n'y eut donc pas de division dans le village, et l'église, devenant temple protestant, ne fut pas démolie comme le furent de nombreux sanctuaires dans la région, où deux factions rivales étaient en présence constante.

18. Le village et son environnement géographique

Cet article est extrait du bulletin d'information n°21 de mars 2006

Cette fois-ci, nous terminerons de retracer l'historique de notre village par la dernière partie du récit de M. GUEIDAN qui donne une description des sources et de la « montagne » de Domessargues.

LES SOURCES

Peu nombreuses et surtout peu abondantes, il n'y a guère à signaler que « La Fon du Pré » à l'ouest ; elle donne naissance à la Courme et assure sur quelques centaines de mètres une agréable végétation sur ses rives.

« La Fon de Marquet », mille mètres en aval de la précédente a un débit insignifiant mais ne tarit jamais.

« La Fon du Valadas », prés du mas Court, a un débit impressionnant… quand il fait un gros orage, mais s'arrête aussitôt terminée la précipitation. Malgré ce, la nappe phréatique de cette fon n'est pas tarie puisqu'on l'utilise encore par le Pouzet, depuis des temps fort lointains, point d'eau du hameau Court-Dalgaz.

« Le Pous Nouvel » est à peu près la source du Lauriol ; elle est captée et surmontée d'une pompe, peu utilisée depuis l'installation du réseau de distribution mais toujours en usage occasionnellement.

« La source du chêne brûlé » au sud du village, déverse avec parcimonie son eau dans le Lauriol.

Nous noterons également les sources qui naissent sur les terrains des communes voisines mais s'écoulent sur notre territoire ou l'intéressent pour la chasse : la fon de Malafosse, au nord, à la limite de nos bois, vers Boucoiran ; la fon de Tallet, dans la même région ; la fontaine du Loup, qui naît au sud-est dans les bois de Sauzet mais coule vers notre terroir.

Toutes ces sources sont peu abondantes à la surface du sol et rendent le site apparemment sec ; mais la nappe phréatique est heureusement bien étalée et assure l'équilibre hygrométrique autour de notre village.

LE SERRE DE LA CABANE

La « montagne » de Domessargues c'est… le serre de la Cabane ! Cette modeste éminence (elle culmine à 170 mètres) est une colline qui limite au sud le territoire de la commune ; elle a du supporter un oppidum aux temps lointains, car sur tous les sommets de cette petite chaîne de collines qui s'étale vers le sud sur les communes de Sauzet, Saint-Geniès-de-Malgoirès, Montagnac et au-delà, existent des preuves tangibles d'habitats préhistoriques : tumuli, foyers, tombes, etc… Mais la facilité d'accès de notre serre par le côté Mauressargues a permis à nos lointains aïeux depuis le Moyen Age d'utiliser ce plateau à des fins agricoles, comme en témoignent les terres cultivées à son sommet jusqu'au début du XXe siècle. Nous avons d'ailleurs connaissance d'objets de l'époque gallo-romaine trouvés sur le plateau au sud du point culminant.

Notre « montagne » ne donne naissance à aucun cours d'eau, la végétation y est très pauvre et seuls les chasseurs la parcourent car ils savent trouver à son sommet les perdreaux qui, pourchassés dans la plaine, viennent chercher là abri ; à défaut de perdreaux, les chasseurs remplissent leur carnier de clavaires, qu'on appelle chez nous gallignoles et qui sont assez abondantes en automne sur la face est.

Même sans être chasseur, se promener par là est une excursion agréable d'une heure ou deux, car du sommet on découvre un merveilleux panorama vers l'ouest où la chaîne des Cévennes s'étale entièrement, du Mont Lozère au Pic Saint-Loup, et permet de situer de nombreux villages disséminés dans la basse Cévenne.

Nota : En complément du récit de M. Gueidan, nous préciserons que la hauteur culminante du serre de la Cabane est de 186 m et qu'il existe au nord du village en limite de propriété, deux sommets supérieurs qui sont le mont de la Crous (216 m) et dans le secteur de Boulnarades un sommet qui culmine à 229 m.

19. Les maires de Domessargues

Cet article est extrait du bulletin d'information n°22 de juin 2006

Pour continuer dans le sens de la brochure de monsieur GUEIDAN, il nous a semblé intéressant de vous présenter tous les maires qui ont conduit la destinée de notre commune depuis la révolution en essayant de restituer les liens de parenté qui existent avec des habitants de la commune (qui résident encore actuellement ou qui ont quitté la commune depuis peu de temps).

LES MAIRES

1-DURAND   Raymond       1792 - 1796      14-BONNET     André      1888 - 1896           

2-ASTRUC   Jean             1796 - 1799       15-BERTRAND  Auguste    1896 - 1900

3-BOUDON  Jean-Etienne 1799 - 1812        16-DALGAZ     Louis        1900 - 1903

4-FLOUTIER Jacques        1812 - 1819        17-MARQUET   Alfred      1903 - 1904

5-DALGAZ   Jacob-Louis  1819 - 1827        18-PAUC        Louis         1904 - 1919

6-PERRIER   Louis             1827 - 1841        19-VIDAL       Jules        1919 - 1925

7-PERRIER   Eugène          1841 - 1848        20-VIDAL       Albert       1925 - 1929

8-VIDAL François Auguste 1848 - 1848       21-PAUC        Octave       1929 - 1944

9-BONFILS  Auguste         1848 - 1870       22-PERRIER     Emile *      1944 - 1945

10-BONNET  André           1870 - 1874       23-PAUC        Octave      1945 - 1965

11-BONFILS  Auguste       1874 - 1876       24-REBOUL      Jean         1965 - 1988

12-BONNET  André           1876 - 1878       25-PAUC        Louis         1988 - 1989           

13-PERRIER   Numa           1878 - 1888       26-CLEMENT    Bernard    1989 - ?

* (Président du Comité local de Libération)

LIENS DE PARENTE

Nous retrouvons d'abord la famille PAUC, avec M. PAUC Louis (25) dit « Loulou » qui est le seul ancien maire encore vivant à Domessargues ; dans la même famille, nous trouvons M. PAUC Octave (21 et 23) qui est l'élu qui a assumé la fonction le plus longtemps (35 ans) qui est le père de M. PAUC « Loulou », et M. PAUC Louis (18) qui est son grand-père.

Ensuite on rencontre M. REBOUL Jean (24) dont la veuve est encore présente parmi nous.

Dans la famille VIDAL, nous trouvons M. VIDAL Albert (20) qui est le grand-père de M. VIDAL Serge. Nous trouvons dans une autre lignée qui est parente avec celle qui précède, M. VIDAL Jules (19) qui est le père de M. VIDAL Elysée dont la veuve est décédée à Domessargues en 2003. Le degré de parenté de M. VIDAL François Auguste (8) n'a pu être établi.

Dans la famille ROUX, nous trouvons M. MARQUET Alfred (17) qui est l'arrière-grand-père de M. ROUX Olliver (branche maternelle).

Dans la famille DALGAZ, nous trouvons M. DALGAZ Louis (16) qui est l'arrière-grand-père de Mme DALGAZ Françoise qui a quitté Domessargues en 2000. Dans la même lignée, le degré de parenté de M. DALGAZ Jacob-Louis (5) n'a pu être établi.

Dans la famille FLOUTIER, nous trouvons M. BERTRAND Auguste (15) qui est le père de la grand-tante de M. FLOUTIER Bernard.

Dans la famille BONNET, nous trouvons M. BONNET André (10 et 12) qui est l'arrière-arrière-grand-père de Mrs BONNET André et Maurice et des épouses de Mrs BONNAUD Francis, LAHONDES Claude et MESTRES Jean Claude ; on trouve également M. BONNET André (14) qui est le frère de l'arrière-grand-père de ces mêmes personnes.

Dans la famille BARLAGUET, nous trouvons M. BONFILS Auguste (9 et 11) qui serait l'arrière-arrière-grand-père par une branche maternelle de l'épouse de M. BARLAGUET Raymond.

Pour la famille PERRIER, les derniers descendants habitant à Domessargues étant décédés en 1961, nous avons fixé les liens de parenté par rapport au docteur PERRIER Louis Eugène le plus célèbre de la famille. Nous trouvons M. PERRIER Emile (22) qui est le neveu du docteur, M. PERRIER Numa (13) qui est son frère, M. PERRIER Eugène (7) son père, M. PERRIER Louis (6) son grand-père et M. BOUDON Jean-Etienne (3) son arrière-grand-oncle.

Dans la famille MAINGAUD, il est possible que M. FLOUTIER Jacques (4) soit un ancêtre d'une branche féminine de Mme MAINGAUD Brigitte.

Nous n'avons pu établir aucune relation ni lien de parenté pour les deux premiers maires de Domessargues M. DURAND Raymond (1) et M.ASTRUC Jean (2).

Nous remercions toutes les personnes qui nous ont aidés à établir ces liens de parenté.



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