La vigne et le vin (Osiris)

         Cet article est extrait du bulletin d'information n°28 de décembre 2007

Dans le même esprit que notre précédente rubrique « Domessargues de ses origines à nos jours » vous trouverez la suite de la chronique que Mme Géralde NAKAM a accepté de nous écrire et qui a pour thème le produit agricole le plus cultivé sur la commune : la vigne et son produit fini le vin.

1^ère partie : L'eau et le vin - chapitre 2 : Osiris

Franchissons les millénaires, l'espace, et les civilisations du Proche et du Moyen-Orient. Faisons étape au bord du Nil, à ' 2000 avant notre ère, dans l'Egypte ancienne. Elle a pour principaux symboles deux plantes d'eau : le papyrus aux longues tiges et le lotus à la belle corolle, qui poussent et vivent dans l'eau. Le papyrus évoque, dit-on, les marais primordiaux d'avant la création, le lotus, lui, figure le renouvellement de la vie ici-bas, mais aussi la promesse de la vie éternelle. Toujours ambivalent, comme on l'a vu au chapitre 1, l'élément aquatique est « le milieu dans lequel tout être doit retourner après sa mort avant de connaître le renouveau ». ⁽¹⁾

L'Egypte des pharaons se voue au culte de la mort et des tombeaux. Mais les riches momies des princes et des princesses ensevelies dans l'outre-tombe, dans tout leur apparat et parmi leurs trésors, au plus profond de leurs secrètes pyramides, attendent une résurrection.

Le thème du raisin s'introduit plus tardivement. Il s'associe au lotus et au papyrus, tandis que le vin lui-même se joint à l'eau dans la vaste et belle symbolique de toute l'humanité, celle de la mort et de la victoire sur la mort.

Les trois plantes sont alors figurées sur les tombes. Et le dieu Osiris, dont le papyrus évoque tout spécialement à son tour la résurrection, se présente décoré de pampres.

Qui est Osiris ? Un dieu très ancien de l'Egypte paysanne, de sa terre fertilisée par les eaux et les alluvions du Nil, Père nourricier. Il préside aux cycles de la nature, à la mort de la végétation et à sa renaissance, car les plantes meurent inondées dans les crues du Nil, et renaissent après la décrue du grand fleuve. Osiris enseigne au peuple égyptien l'agriculture et les lois humaines et divines qu'elle engendre : le droit, la religion.  C'est le dieu civilisateur et bienfaiteur de l'Egypte.

En tant que tel, il a, comme toutes les forces bénéfiques, de redoutables ennemis. Sauvé par sa soeur-épouse Isis, de maint combat et de morts successives, il va léguer ses pouvoirs sur terre à son fils Horus. Et c'est dans le monde souterrain qu'il entre à jamais, pour régner sur les morts et juger l'âme des défunts.

Son culte se répand dans toute l'Egypte dans son ambiguïté même, sous le double sceau de la vie et de la mort.

Plus tard encore, il sera identifié à deux personnages de la mythologie grecque : à Hadès, d'une part, maître du royaume des morts et Juge aux Enfers, et d'autre part, au héros et demi-dieu Dionysos, maître de la vie, de la poésie et du vin. ⁽²⁾

(1) - Cette citation a été relevée au Musée du Vin à Paris.

(2) - Nous retrouverons Dionysos un peu plus tard.

 Avis d'un lecteur du bulletin d'information n°27

Il est beaucoup plus courant de mettre de l'eau dans son vin si l'on utilise cette expression au sens figuré pour indiquer que l'on est prêt à faire des concessions ; par contre, à table, si l'on veut consommer une boisson très peu alcoolisée, tout en conservant une couleur et un goût agréable, l'on versera plus volontiers du vin dans son eau.